Flambée des prix du café : pénurie ou spéculation ?
Les productions caféières dépendantes du Brésil et des aléas climatiques
Toutes les matières premières sont en augmentation depuis le début de l’année 2021. Cela reflète un état d’inquiétude important des acteurs de marché face à l’épidémie de covid 19 et le ralentissement global de la croissance à l’échelle mondiale. Cependant, pour comprendre plus spécifiquement les évolutions du cours du café, il faut surtout s’intéresser au Brésil, qui fait chaque année la pluie et le beau temps sur ce marché. En effet, il s’agit du plus grand pays producteur de café au monde, et des fluctuations réelles ou supposées de la production brésilienne ont un effet direct sur les cours.
Deux principaux facteurs peuvent faire fluctuer l’offre :
- le cycle biennal de la production de café (une récolte sur deux est plus importante que l’autre),
- les aléas climatiques.
Or l’année 2021, en plus d’être une année de « petite récolte », a été l’une des plus catastrophiques au niveau climatique pour le géant du café. Tout d’abord, une sécheresse de plusieurs mois a provoqué un stress hydrique conséquent pour les plantations de café. Puis, les régions caféières ont été affectées par plusieurs épisodes de gel en juillet 2021. Dans le Minas Gerais, première région d’arabicas fins au monde, des plantations entières ont été détruites, réduisant le potentiel de production du Brésil significativement et ce sur potentiellement plusieurs années.
2021 : les prix d’arabicas multipliés par 2
En réaction à ces évènements, le cours de l’arabica a augmenté de +70% entre janvier et juillet 2021, atteignant le seuil le plus haut atteint depuis plus de 7 ans (220ct/lb).
Depuis, le cours du café reste élevé, à plus de 220ct/lb. En effet, les inquiétudes restent fortes sur la capacité du Brésil et des autres grands pays producteurs à rattraper le déficit de production de la récolte 2021. Le cours du café a atteint son niveau le plus haut depuis 10 ans en décembre, culminant à 250ct/lb, et clôturant l’année à plus de 100% de hausse en un an.
Les perturbations logistiques internationales génèrent des coûts supplémentaires
La crise du COVID-19 a fortement affecté les échanges maritimes internationaux. En conséquence, le coût du fret et les complications logistiques n’ont cessé d’augmenter depuis plus d’un an.
L’élément déclencheur ? Alors que le monde est en plein confinement, la Chine en sort de façon rapide en août 2020 et ses exportations explosent, stimulées à la fois par les commandes en attente depuis le début de la crise et par le pic des commandes en ligne générées par le reste du monde confiné. Les transporteurs, les ports et les expéditeurs ont tous été pris par surprise et la demande a rapidement excédé les capacités maximales des compagnies maritimes.
De plus, les restrictions et nouvelles règles sanitaires en vigueur dans les ports ont contribué au ralentissement des opérations. Assez vite, des goulots d’étranglement se sont formés, et cela a créé un effet boule de neige qui s’est progressivement répercuté sur l’ensemble du fret international : désorganisation des lignes maritimes, pénurie de conteneurs, moins de bateaux et changements des itinéraires de transit, opérations portuaires ralenties…
La conséquence a été une forte augmentation du coût du fret (multiplié par un facteur de 2 à 10 selon les origines), qui se répercute directement dans le prix d’achat du café payé par le torréfacteur.
Des situations locales accentuant la hausse de certaines origines
Le prix d’achat de nos cafés n’est pas le même partout. Selon la qualité demandée (terroir, homogénéité des grains, processus post récolte, traçabilité, labels etc), et selon l’origine, il y a de grandes disparités de prix !
En 2021, certains pays producteurs ont connu des tensions très fortes, notamment l’Ethiopie (guerre civile, crise économique) et la Colombie (crise sociale, tensions logistiques, et pluies importantes en période de récolte). Ces situations locales impactent directement la disponibilité et les prix des cafés, et expliquent que les hausses de prix ne soient pas identiques selon les pays.
Quelles solutions pour Lobodis ?
Faire face à une telle augmentation de prix sur notre principale matière première, en un temps aussi court est un défi considérable pour un petit torréfacteur comme Lobodis.
Plusieurs options envisageables… mais des engagements toujours intacts.
- Choisir de diminuer nos marges
C’est ce que nous avons accepté de faire, en partie. Cependant, prendre l’ensemble de la hausse matière première à notre charge impliquerait soit, de descendre en dessous de notre seuil de rentabilité, ou a minima supprimer nos budgets d’investissements notamment sur les projets sociaux et environnementaux. Cela signifierait que nous passerions à une logique de fonctionnement court terme, ce qui est à l’opposé de notre démarche depuis plus de 30 ans. - Réduire nos exigences de qualité
Une solution pour limiter notre coût d’achat de matière première pourrait être d’acheter des cafés issus d’anciennes récoltes plutôt que des récoltes de l’année en cours ; ou bien de choisir des grades de café avec une concentration plus importante de défauts (grains fermentés, moisis, cassés, etc.). Là encore, Lobodis a depuis 30 ans fait le choix de proposer des cafés d’exception à ses consommateurs, et la possibilité de rogner sur cet engagement a donc été rapidement écartée. - Répercuter une hausse sur le prix de nos produits
Afin de pouvoir maintenir ce niveau d’engagements en matière de qualité, de RSE, nous avons fait le choix de répercuter partiellement cette hausse sur nos prix de vente finaux.
Sachez que nos engagements restent intacts : nous avons sur 2021, et continuerons sur 2022 à proposer des cafés de la récolte la plus fraiche possible, des qualités les plus élevées disponibles à l’export, et une traçabilité exemplaire sur la filière.