Au cœur des origines

Le café au Guatemala : une culture en constante évolution

Maud responsable achats Café Vert et relations producteurs

Ingénieure agronome, diplômée SCA, spécialisée sur les thématiques d’approvisionnement responsable, Maud assure le sourcing de Lobodis en café vert et  coordonne les projets d’amélioration des pratiques agricoles sur les plans sociaux et environnementaux avec les acteurs des filières dans 12 pays producteurs. Sélection des terroirs, rencontres avec les producteurs, dégustation des cafés, des missions qu’elle mène avec enthousiasme pour vous offrir la meilleure tasse !

ExpertiseGuatemala

Au Guatemala, tout comme dans les principaux pays producteurs (Brésil, Vietnam, Indonésie, Colombie), la culture du café est fortement touchée par le dérèglement climatique. Les petits producteurs de café, en première ligne, doivent faire face à des défis majeurs qu’ils soient environnementaux ou sociaux. Nos partenaires guatémaltèques ne sont malheureusement pas épargnés, nous vous faisons part de la situation suite à ma visite en janvier dernier.

La culture du café au Guatemala, une production provenant essentiellement de petits producteurs

Le café est l'un des principaux produits d'exportation du Guatemala, représentant environ 10% de son PIB en 2021. La culture du café a une longue histoire dans ce pays, avec les premières plantations datant du XIXe siècle. Aujourd'hui, le Guatemala est considéré comme l'un des principaux producteurs de café de qualité dans le monde.
Selon les données de l'Agence de commerce internationale, en 2020-2021, le pays se positionnait au 10è rang des pays producteurs avec 225 000 Tonnes de café vert récolté. Sur la récolte 2021-2022 la production est en légère baisse avec 204 000 Tonnes. Il se classe maintenant au 11è rang mondial. La plupart de cette production provient de petits producteurs, qui représentent environ 75% de l'ensemble des producteurs de café du Guatemala.

Au Guatemala, une grande partie du café est équitable !

Au fil des années, la filière du café équitable a pris une réelle importance. Ainsi selon Fairtrade International, en 2021, environ 30% de la production totale de café au Guatemala était certifiée équitable.
Et savez-vous qu'en 1993, le premier produit équitable Fairtrade/Max Havelaar qui est apparu dans les rayons, fut un paquet de café en provenance du Guatemala ? plus exactement de la fédération de coopératives Fédecocagua !
Paquet signé Lobodis et une belle histoire qui perdure depuis depuis 30 ans, puisqu'à ce jour nous travaillons toujours avec Fédécocagua !

Des récoltes de café face au défi du dérèglement climatique…

Le secteur du café est confronté à une longue liste de défis, allant de la volatilité des prix, l'augmentation des coûts de production, la disponibilité réduite de terres et de main-d'œuvre à la nécessité d'améliorer les conditions sociales des petits producteurs, en passant par l'évolution du climat et la rareté des ressources environnementales telles que l'eau.
Le dérèglement climatique est un défi important pour les producteurs de café au Guatemala. Selon les données de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les températures plus élevées et les précipitations plus irrégulières ont eu un impact négatif sur les rendements de café, entraînant une baisse de 15% en 2021 par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Le phénomène de la Nina a entrainé une variation du régime pluviométrique, affectant ainsi les rendements de la récolte de café et le calendrier des récoltes ; -15% de récolte cette année selon nos fournisseurs. 

… et menacées par une pénurie de main d'œuvre

L'augmentation de l'émigration des jeunes Guatémaltèques vers les États-Unis a un impact significatif sur la production agricole dans le pays, y compris sur la culture du café. Les jeunes, en particulier ceux vivant dans les zones rurales, quittent leur ferme pour chercher des opportunités économiques ailleurs, ce qui entraîne une pénurie de main-d'œuvre dans l'industrie agricole. Les producteurs doivent donc faire appel à de la main d’œuvre extérieure, plus coûteuse, car plus rare. Cette tendance a déjà des conséquences sur l'augmentation des coûts de production.
De plus, en engageant une main d’œuvre moins expérimentée, cela peut avoir un impact sur la qualité du café produit. En effet, au vu des coûts engendrés avec cette main d'œuvre "rare", certains producteurs peuvent être tentés de limiter la durée d'embauche des saisonniers, ce qui engendre une récolte beaucoup plus massive et limitée au sein des productions et donc beaucoup moins sélective. La qualité des cerises ainsi ramassées s'en trouvant impactée avec une maturité pas toujours respectée, ni homogène. L'émigration massive de la main-d'œuvre qualifiée pourrait donc affecter la capacité des petits producteurs de café à maintenir leurs activités, ce qui nuirait, à long terme, à la durabilité de la filière café au Guatemala.

" Il y a 30 ans, Lobodis était l’un des seuls torréfacteurs à apporter un appui concret sur la consolidation des coopératives, un appui aux techniques de production et à l’amélioration de la qualité. Après 30 ans de collaboration avec les coopératives Acatenango, San Pedrana, et El Pensativo, j’ai constaté qu’elles n’avaient plus vraiment besoin de nous.
Et c’est une bonne nouvelle ! " MAUD

Comment nos coopératives partenaires résistent face à ces phénomènes ?

La coopérative Acatenango

C’est la coopérative modèle dans la zone d’appellation du volcan Acatenango. La coopérative s’est distinguée depuis des années par sa vision pour améliorer sans cesse la qualité et diminuer la pénibilité du travail pour les étapes post-récoltes. Les gérants ont toujours eu l’œil pour innover au bon moment et permettre aux agriculteurs de toucher les prix les plus rémunérateurs de la région.

Zone de séchage pour les producteurs de la coopérative Acatenango
  • Les zones de production sont situées entre1500m à 2300 m  - 386 associés, dont 108 femmes y travaillent 
  • 1000 hectares cultivés et 100% des producteurs certifiés à FT/RFA/CAFE PRACTICES  
  • Les cendres du volcan peuvent affecter la floraison (cette année, ils estiment que 25% des fleurs ont avorté car elles étaient brûlées par les cendres).  
  • Achat fin 2022 d’un nouvel équipement pour le process post récolte du café.  
  • Avant il fallait 100L d’eau par quintal de pergamino (1 million de litre par jour), aujourd’hui il faut 30L par quintal de pergamino (10 000L par jour) + recyclage de l’eau. Absence d’eau chargée en matière organique à diminution de la charge de pollution.  

La coopérative san Pedrana

Une petite coopérative à l’identité forte : l’ensemble des membres appartient au peuple cakchiquel. Il s’agit d’une des langues mayas protégées au Guatemala, encore active malgré la forte discrimination qui a poussé les locuteurs a progressivement abandonner cette langue. Un peu comme le breton, il y a eu un regain d’intérêt ces dernières années et la coopérative est attachée à protéger les traditions ancestrales de leur peuple. 
Autre particularité : San Pedrana a fait de la relève générationnelle sa priorité, et de nombreux enfants de producteurs sont impliqués sur les sujets de traçabilité et l’amélioration des processus post-récolte (étape qui demande des compétences pointues) !

Producteur de café de la coopérative San Pedrana au cœur de ses plantations
Maud, en visite terrain - Janvier 2023
  • La coopérative c'est 61 producteurs + 40 à 101 producteurs associés.
  • La surface moyenne de café par producteur  est d'environ 2 manzana (1,3 ha). 
  • L'investissement dans les installations post-récolte est financé à 50% par la coopérative et à 50% par la fondation Fedecocagua.  
  • Il y a quelques années la coopérative était en perte de vitesse et au bord de la faillite. Elle a été reprise par le gérant et une équipe un peu plus jeune. Ils ont investi dans une nouvelle machine pour le dépulpage et la fabrication de micro lots de nature, de honey et anaérobie.
  • Les enfants font des études et après souhaitent souvent partir. Ainsi à yapokepec, environ 20-30 pers partent chaque mois pour les États-Unis et impossible de les retenir.  
  • Les problèmes principaux auxquels sont confrontés les producteurs sont dûs au volcan qui empêche la floraison et tue les petites plantes en rénovation. 

La coopérative El Pensativo

El Pensativo se distingue dans la région par le développement de la culture d’avocat à côté du café. Celui-ci représente aujourd’hui quasiment la moitié des revenus des producteurs. Cette stratégie de diversification a été instaurée depuis de nombreuses années et permet aux producteurs d’atteindre un bon équilibre économique.

Des producteurs de café associés devant notre coopérative partenaire El Pansativo
  • 103 producteurs associés
  • la cendre affecte les plantations  
  • L’avocat est aussi important ou plus que le café  
  • Les producteurs ont soit les deux soit juste du café  

La culture de l'avocat c'est 

  • 2 récoltes par an à contrario du café pour lequel on a une seule récolte
  • demande davantage de travail et plus d’intrants mais produit plus de volume et donc plus rentable  
  • C’est grâce à la culture de l'avocat, que les producteurs peuvent investir dans la coop. 
  • 60% des revenus de la coopérative
  • Cette année, on a pu observer une baisse des prix des avocats à cause d’une surproduction mondiale